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Le brabant double de Bajac (Liancourt, Oise)

La planche coloriée, qui accompagne cet article, représente le brabant-double réversible par l’attelage, construit par M. A. Bajac, de Liancourt (Oise). Le premier modèle de ce brabant-double à siège fut exposé au Concours général agricole de Paris de 1909 et la description ci-dessous fut donnée alors par M. Ringelmann dans le Journal d’Agriculture pratique, n° 12, du 25 mars 1909, pages 369 et 370. Comme preuve des qualités de la machine, disons qu’une de ces charrues fut expédiée au Brésil, à la fin de 1909, à un agriculteur, lequel, après de nombreux essais pratiques, en commanda quatre autres au mois de juin dernier.

« Nous avons insisté à plusieurs reprises, dit M. Ringelmann, sur les avantages que présentent les machines pourvues d’un siège ; l’homme n’étant plus, à proprement parler, qu’un simple conducteur d’attelage, peut être un ouvrier quelconque de la ferme. On doit prévoir le moment où il nous faudra avoir des machines agricoles capables d’utiliser les premiers travailleurs venus, afin de ne pas être à la merci des ouvriers plus ou moins spécialistes, dont les exigences commencent aujourd’hui à peser si lourdement sur la culture. »

Ajoutons qu’il est très fatiguant de faire par jour une marche de 12 à 15 km dans les champs, représentant la distance moyenne parcourue journellement par les attelages.

Comme le montrent les figures 34 à 37 [non reproduites ici], l’âge du brabant-double est monté sur un petit axe horizontal porté sur un bâti à trois roues et muni d’un siège. L’axe solidaire de l’age du brabant-double est pourvu d’un secteur denté, conique, commandé par un autre secteur dont l’axe vertical fait corps avec la barre d’attelage. On conçoit que l’attelage tournant seul sur place, à l’extrémité de 1a raie, fait passer la barre de traction d’avant en arrière (fig. 37) en lui faisant décrire une demi circonférence dans le plan horizontal, entraînant ainsi son secteur cône, lequel, engrenant avec celui de l’age, fait tourner ce dernier de 180 degrés dans le plan vertical : le corps de charrue qui était à la partie supérieure est ainsi descendu pour travailler la raie suivante.

Le bâti est porté par trois roues, dont une de petit diamètre roule toujours sur le guéret ; les deux autres grandes roues roulent obliquement dans la raie contre le pied de la muraille (fig. 36), l’une en avant du corps de charrue qui travaille, l’autre derrière le versoir; ces deux roues, qui assurent la stabilité de la machine, se déplacent, à chaque raie, dans le plan horizontal, en s’écartant ou en se rapprochant de la roue du guéret. Des leviers de manœuvre permettent de régler les roues verticalement et horizontalement, de sorte que le conducteur n’a pas besoin de quitter son siége pour effectuer les manœuvres.

Dans la période de travail, un verrou, qui est solidaire d’une pédale, enclanche la barre d’attelage avec le bâti ; à l’extrémité de la raie, le conducteur appuie sur la pédale précitée, fait tourner son attelage sur le guéret et, dans ce mouvement, les corps de charrue basculent automatiquement dans le plan vertical, puis la barre d’attelage s’enclanche à fond de course et la charrue est alors disposée pour le retour.

Bien que plus lourde qu’un brabant-double ordinaire de même puissance, et chargée en outre du poids du conducteur, la nouvelle machine de M. Bajac demande moins de traction, parce que le glissement du talon de la charrue ordinaire est remplacé par le roulement des roues du bâti. En effet, le corps de charrue qui travaille, au lieu d’appuyer sur le talon et de frotter dans le fond de la raie et contre la base de la muraille, se trouve pour ainsi dire suspendu en dessous du châssis d’un chariot porté sur trois roues, dont deux sont de grand diamètre.

[…]

R. DESSAISAIX

Source : Extrait de R. Dessaisaix , «Brabant double réversible à siège», 
Journal d'agriculture pratique, 1910, vol. 2, p. 216-219.

lien: 
oui
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