Vestiges de la Seconde Guerre mondiale

Nom du site : Carrières Saingt
Type de site : 5 - Indéterminé
Descripteur : Carrière

Désignation

La carrière est constituée de deux exploitations souterraines communicantes. Une était accessible par une tirée, une descente en pente douce se présentant comme un canyon et l’autre par un puits comblé dans les années trente. La tirée, seul accès pour les réfugiés, a été comblée vers 2008. L’ensemble a une superficie de deux hectares et se trouve maintenant isolé et uniquement accessible par un ancien puits à eau. La pierre de Caen a été extraite ici vers le milieu du XIXe siècle en laissant un volume important de déchets calcaires qui ont été évacués partiellement plus tard. A la fin de la Première guerre mondiale, le sous-sol et le terrain en surface sont achetés par Alphonse Saingt pour y installer une brasserie. En 1944, elle est exploitée par les frères Saingt. Dès le 6 juin, ces deux industriels ouvrent les portes des souterrains aux fuyards et mettent le personnel de l’usine à leur disposition. Rapidement un millier de personnes s’y installent ; à la fin du mois, les Allemands font de même et aménagent une infirmerie de fortune. Ils font pression sur les réfugiés pour qu’ils évacuent les lieux et leur nombre diminue nettement. Le 19 juillet, les Canadiens les découvrent et les libèrent. Après guerre, les brasseurs n’utilisent plus les parties souterraines et l’accès au site par la tirée se trouve dans l’emprise de l’usine puis de l’entreprise d’affrêtage qui lui succède. Ainsi, par chance, les lieux restent peu visités. Vers 2008, l’usine est détruite, des confortements sont réalisés sous terre et des pavillons sont construits en surface. Seule la zone d’entrée, gélifractée et fragile, est concernée ; les sols ont été observés auparavant et la perte d’informations archéologiques est modérée. Les pillards ne repèrent pas l’opportunité d’aller saccager les sols ; les traces laissées par les civils et aussi par les militaires sont relativement bien préservées. En même temps une campagne d’observations et de photographies y est menée. Deux premiers relevés archéologiques sont réalisés et publiés. En 2014-2015, avec les archéologues de l’INRAP, il est décidé de mener ici un travail archéologique approfondi en constituant une équipe pluridisciplinaire où l’on rencontre des archéologues de l’INRAP qui font les relevés des objets et analysent les traces, des ingénieurs de l’INSA1 de Strasbourg qui font les saisies 3D afin de modéliser les lieux, des archéologues du CNRS de Toulouse qui sont spécialistes des grottes occupées par l’homme, des historiens, une géologue et des spéléologues. Tous ont contribué à la compréhension de l’histoire des lieux2. Au cours des 4 fois une semaine annuelle de relevés souterrains, David Geoffroy, cinéaste spécialisé en archéologie, a réalisé un film documentaire de 52 minutes, Le refuge oublié, montrant le travail des archéologues et le témoignage d’Yvette Lethimonnier qui a accepté de descendre sous terre. Elle y a confirmé bon nombre d’hypothèses et en a aussi infirmé une ; elle nous a conduits à corriger complètement notre vision d’une part notable de la carrière peu utilisée par les civils. L’idéal serait de conserver dans leur état les lieux, pour observer l’évolution des sols et des objets en constituant une sorte de réserve archéologique pour de futurs compléments d’étude. Comme il n’y a plus d’enjeu immobilier en surface, cette sanctuarisation pourrait se faire sans frais importants. Il faudrait juste sécuriser l’accès.

Artillerie

Pièce d'artillerie présente au 6 juin 1944 : non

DCA (Flak) : non

Approche patrimoniale

Elément visible : oui

Niveau de dégradation : détruit 0 – 50%

Etat sanitaire : moyen

Environnement : environnement urbanisé dispersé

Danger : oui

Chauve-souris : non

Période de construction : 6 juin – 15 novembre 1944 (fermeture du port d'Arromanches)

Cause de destruction : dégradation due à l'abandon

Source localisation : GPS polygone

Précision localisation : précis (inférieur à 1m)

Propriétaire : mixte

Intérêt exceptionnel : oui

Protection au titre des Monument Historique : non

Communication des données : oui