Vestiges de la Seconde Guerre mondiale

Désignation

Ce pont Bailey se situe au niveau de l’Orbiquet, commune libérée entre le 22 et le 23 août 1944 par les forces canadiennes et en particulier le 8th Reconnaissance Regiment. Ces ponts portent le nom de son inventeur, l’ingénieur civil Sir Donald Bailey. Il rejoint en 1928 l’Experimental Bridging Establishment où il devient le seul ingénieur spécialiste en pont. L’EBE est sollicité dès les années 40 pour proposer un pont universel qui doit être facile à monter et à démonter sans l’aide d’engins spéciaux, d’une conception ultra-simplifiée et d’une grande adaptabilité que ce soit en longueur et en charge. Donald Bailey imagine un pont modulaire avec une base résidant dans des panneaux d’acier en diamant de 1,5m par 3m de près de 285 kg. Ces panneaux peuvent être portés par 6 soldats, ce qui permettait de les assembler rapidement entre eux grâce à de simples boulons et broches de panneaux. Pour ce qui est du montage, le pont est assemblé sur des rouleaux ordinaires et à balancier afin de faire glisser les panneaux par-dessus l’obstacle à franchir. Jusqu’à trois rangées de panneaux peuvent être installés, que ça soit sur un ou plusieurs niveaux, afin de s’adapter aux charges et à la longueur demandée. Le projet est officiellement validé par le War Office le 1er mai 1941, après qu’un pont de 21 mètres ait été assemblé avec succès en à peine 36 minutes. Entre 1942 et 1945, c’est près de 700 000 panneaux qui seront construits. D’après l’historien Philippe Bauduin, près de 10 000 ponts auraient été construits pendant la période allant du Débarquement à la fin de la guerre. Ils seront déployés sur plusieurs théâtres d’opérations, dont l'Afrique du nord, l’Italie ou encore l’Europe occidentale. Pourtant ces ponts se font rares aujourd’hui, la grande majorité de ces ponts ayant été détruits et remplacés par des ponts plus solides. Un premier pont Bailey a été installé au sein de la commune en 1952, selon les mêmes modalités de déploiement utilisées par les soldats alliés pendant le conflit. Cela fait de ce pont l’un des plus anciens déployés dans le secteur ! Cependant, celui-ci a fait l’objet d’un remplacement au début des années 2000. En effet, la vétusté du pont avait atteint un stade critique, en témoigne les photographies prises par Alain Nafilyan (DRAC Normandie, CRMH) en 2001. Son remplacement est envisagé au cours de l’année 2006 afin de laisser place à un nouveau pont Bailey, en meilleur état mais également plus robuste, dans le but de permettre aux nouveaux véhicules agricoles de circuler dessus. Ce dernier est un pont double-simple de 5 panneaux, soit près de 15 mètres de long. Il répond, lui aussi, aux mêmes modalités de déploiement que pendant la guerre, en témoigne notamment le tablier en bois. L’installation d’un nouveau pont Bailey est tout à fait intéressante. Cela met en lumière la volonté de la part de la commune de perpétuer le devoir de mémoire relatif au second conflit mondial, que ce soit dans un premier temps la mémoire de la libération de la commune ou bien dans un second temps la mémoire d’une prouesse technique ayant permis le bon déroulement des différentes opérations de libération. Pour appuyer cette démarche, une plaque commémorative a été inaugurée à même le pont, rendant hommage aux soldats canadiens ayant libéré la commune. Suite au démantèlement de l’ancien pont Bailey, plusieurs projets de revalorisation patrimoniale ont été envisagés par la commune. Un premier est pensé au moment du changement de pont. Comme l’explique l’ancien maire, il était question de conserver les gardes-corps (les panneaux donc) et de les mettre en scène sur un rond-point alors en construction. Le rond-point devait d’ailleurs être renommé “Rond-Point des Canadiens” en l’honneur des soldats ayant libéré la ville. Ce projet ne verra malheureusement pas le jour. Un nouveau projet de valorisation pour cet ancien pont, qui dort désormais dans le local technique de la ville, est envisagée par la maire de la commune. Le nouveau projet consiste à le remonter afin de l’exposer dans le parc de la commune, un peu à la manière du pont présent à Pont-Farcy. Une inauguration est prévue en septembre. Ces deux projets témoignent de la volonté de la commune de perpétuer la mémoire de ce pont, qui fait partie intégrante du patrimoine de la commune.