⇪PDF

Scripta n° 1666

Numéro Scripta1666
Autre(s) référence(s)Fauroux 224 / Tabuteau 267 / Round 957
Auteur(s)Guillaume le Bâtard, Normandie (duc)
Bénéficiaire(s)Cherbourg, Notre-Dame (chapelle)
Genre d'actepancarte
Authenticiténon suspect
Datation[1063-1066]
Action juridiquedonation
Langue du texte latin

Analyse

Guillaume le Bâtard institue des chanoines dans la chapelle de Notre-Dame au château de Cherbourg.

Aux deux premiers, il constitua en prébendes le moulin de la Roque, la terre d’Octeville, une charruée à Tourlaville et une à Equeurdreville ; un terrain à bâtir dans le bourg ducal et une maison pour chacun d’eux dans le château ; deux porcs à Noël et vingt sous à Pâques.

Guillaume de Vauville constitua une troisième prébende avec l’église d’Aurigny, les dîmes en dépendant et trois bouvées de terre dans la même île ; à Equeurdreville, un moulin près de l’église ; un habitant du bourg (burgensem) ; deux porcs à Noël et vingt sous à Pâques et la demi-dîme de ses moulins de Guernesey.

Le comte Guillaume donna en commun à ce chanoine et aux autres la dîme d’une vacherie et celle du bois pour leur maison.

Hugolinus le forestier fit concession d’un pré au moulin de la Roque aux deux chanoines institués par le duc, à condition que ces chanoines instruisent son fils.

Les donations qui précèdent furent attestées par Guillaume le Bâtard, qui apposa son sceau sur cette charte, par Mathilde son épouse, par ses fils Robert Courte-Heuse et Richard et par plusieurs autres témoins de la guérison du duc.

C’est également en reconnaissance de cette guérison que le duc fit dédicacer l’église de la Vierge et la dota d’une charruée de terre à Jersey.

Il posa les fondements d’une autre église en dehors du château, pour laquelle Mathilde donna cent sous. Il acquit par échange le terrain destiné au cimetière afin que la chapelle appartienne en propre aux chanoines.

Le duc institua cinq autres chanoines qu’il dota, chaque prébende étant mise en commun à la mort d’un chanoine, et jusqu’à son remplacement :

Au premier, nommé Judicael, le duc fit don de quatorze deniers par jour auxquels il substitua ensuite cent acres de terre dans la paroisse de Saint-Martin de la Bellouse à Guernesey, l’église de Saint-Martin de la Bellouse, à l’exception des deux gerbes des moines de Marmoutier, une maison et une acre de terre à Cherbourg, trente sous sur le tonlieu des porcs et des deniers, la coutume ducale sur la foire, le marché et la forêt, et le droit de moudre gratuitement au moulin du duc jusqu’à la construction d’un moulin à Guernesey.

Au second chanoine, Odo Saillultra, son chapelain, il céda près de Carentan, le tiers de l’église Saint-Pierre de Sainteny, six vavasseurs (remis au duc après le départ de leur seigneur en Apulie) et une terre. L’intéressé y ajouta ses revenus de chapelain du comte en Cotentin : quarante soudées à Valognes, la dîme du moulin de Cherbourg et la demi-dîme des moulins de Guernesey.

Au troisième chanoine, nommé Boniface, le duc donna huit livres et quatorze deniers par an en nature et en espèces ; un homme avec sa terre à Nouainville et vingt soudées de terre à Valognes.

Au quatrième, le prêtre Osbern, il accorda des donations en espèces et en nature pour quatorze livres moins deux deniers ; il y ajouta une maison à Equeurdreville et une autre à Cherbourg.

Au cinquième, le prêtre Ansgotus, Guillaume de Vauville fit don d’une charruée de terre à Nouainville, et d’une autre à Aurigny ; le duc déchargea ces deux terres de coutumes.

A ces cinq chanoines, le duc abandonna ses coutumes sur la foire, le marché et la forêt, et leur accorda la nageoire droite du craspois  ; le droit d’épave (werec) entre le Tharel et le Thar ; le duc leur promit même rétribution (liberationem) qu’à ses chapelains, chaque fois qu’il viendrait à Cherbourg.

Le duc établit custos de l’église Anschitillus et lui assigna 52 sous ; il chargea un bourgeois de trouver le luminaire. Comme clercs et auxiliaires, il adjoignit aux chanoines un diacre et un clerc rétribués chacun 72 sous. Un clerc aux pieds torts, surnommé Pape-les-ames, fut rétribué sur l’aumône de Jersey et un prêtre sur la charruée de terre de la paroisse Saint-Sauveur de Jersey.

Tableau de la tradition

Éditions principales

a. Couppey Louis (Abbé), Charte de Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, 1852, p. 153..

b. Piolin Paul, Sainte-marthe Denis de, Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa, t. XI, Paris, Palmé, 1874, instr., n° III, p. 229..

c. Société jersiaise, Cartulaire de Jersey, recueil de documents concernant l’histoire de l’île conservés aux archives du département de la Manche. 1er fasc., Jersey, Beresford, 1918, n° 316, p. 399..

d. Fauroux Marie, Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, Caen, Caron (MSAN ; 36), 1961, n°224, p. 426-432..

e. Fontanel Julie, Le cartulaire du chapitre cathédral de Coutances, Saint-Lô, Archives départementales de la Manche (Sources inédites sur l’histoire du département de la Manche ; 1), 2003, nº 339, p. 483-489..

Indications

Round John-Horace, Calendar of Documents Preserved in France, Illustrative of the History of Great Britain and Ireland, 918-1206, Londres, Her Majesty’s Stationary Office, 1899, n° 957, p. 341-342.

Dissertation critique

Datation

Datation proposée par M. Fauroux : la première partie de l’acte est postérieure à 1063 puisque Robert Courteheuse apparaît comme « comte du Maine », la région conquise en 1063. Voir FAUROUX, p. 428.

Texte établi d’après d

In nomine sancte et individue Trinitatis, amen. Ego peccator, Willielmus, Dei gracia dux Normannorum, ad servicium Dei genitricis et virginis Marie aliorumque Sanctorum nomine et merito Deo cognitorum, quorum reliquie in capella Carisburgi mei debita veneratione coluntur ibidem consilio et concensu filiorum Sancte matris ecclesie clericos constitui cum uxore mea Mathilde nomine canonica institutione servientes, pro salute nostra et tocius populi catholici, quos a secularibus vacantes et divinis ex debito intendentes mercede debita divina jussione sic laborantes ecclesiastice hereditavi. In quibus, ne de medio, ut evenit, suboriretur questio, singula singulis subnotavi divise, que, ne cujusvis violatoris vis dolusve imminuat, sigillo anathematis munita catholicus populus credat. De proprio dominatu meo cum reducione et habita tranquilitate concessi Sancte Marie supradicte ecclesie ad debitum usum clericorum ibidem ad serviendum constitutorum, inprimis duobus molendinum de Roca et totam aquam usque ad pontem et terram de Othevilla, et uni eorum terram ad unam carrucam in Torlachvilla, et alteri secreto tantumdem in Sceldrevilla et terram singulis ad edificationes in burgo supradicto meo, et propriam domum unicuique infra castellum et duos porcos quinque solidorum in Nativitate Domini et viginti solidos in Pascha. Preterea Willelmus de Wavilla constituit unum clericum ad serviendum jam dicte ecclesie, pro anima sua et uxoris sue filiorumque suorum necnon et pro anima et salute comitis et uxoris sue filiorumque suorum de suo dominio ecclesiam de Aurenoio cum omnibus decimis ad ipsam pertinentibus et in eadem insula terram ad tres boves concessit ad usum clerici concessu comitis et in Sceldrevilla molendinum quod adjacet prope monasterium ejusdem ville, et in ipso burgo unum burgensem ex dono comitis, et eandem communitatem sicut duobus aliis, scilicet duos porcos quinque solidorum in Nativitate Domini et viginti solidos in Pascha et secreto dimidiam decimam molendinorum suorum de Gerneroio. Concessit huic comes et omnibus in commune decimam unius vacarie et sylvatici ad proprias domos per liberationem forestariorum. Supra hec Hugolinus forestarius, pro sui uxorisque filiorum quoque anima, duobus ex parte comitis constitutis, eo pacto ut filium suum doceant, unum pratellum ad molendinum de Rocca, per quod aqua dirigitur, concessit. De his vero fuerunt testes qui consule ab infirmitate resurgente interfuerunt, scilicet ipse Wilielmus Normannorum comes et in carta suum sigillum posuit, et Madhildis uxor sua, et Robertus comes Cenomannis, et Ricardus suus frater, et Hugo de Monteforti, et Robertus Bertrannus, et Robertus Gernon, et Wilielmus de Walvilla, et Willelmus filius ejus et Eudo. Factis vero tribus canonicis, scilicet Roberto filio Theolfi et Turulfo et Galtero quos consul Willelmus constituit in ipsa infirmitate sua quam habuit Cesarisburgo in qua vovit se facere canonicos in supradicta ecclesia Sancte Marie, si Deus et Sancta Maria resuscitarent cum ab ipsa infirmitate in qua fuit, pene omnino de vita desperatus et ad terram depositus ut jam moriturus, datis reliquiis sanctorum eidem ecclesie carioribus quas in sua capella gestabat, quasi resuscitatus et propter recuperatam sanitatem letificatus, ut prefate Sancte Marie adimpleret votum per cujus intercessionis erga Filium miraculum credebat se vite redditum, fecit dedicare ejusdem virginis ecclesiam, ipseque interfuit, deditque ei in dotem unam quadrugatam terre in Gersoio in commune canonicis ; et jussit fieri aliam ecclesiam extra castellum et incipi de suo proprio, ad cujus fundamentum incipiendum, Madhildis comitissa dedit centum solidos, et, consul commutavit terram ad cymiterium pro uno pede duos de suo dominio, ut sua capella remaneret suis canonicis ex toto quieta et propria. Postea, cum tribus supradictis constituit quinque alios canonicos ut octo essent septimanarii, quibus dedit tam de elemosinis non antea adjacentibus ecclesie ita tamen ab antecessoribus suis constitutis quam de suo proprio constituto, et de emptionibus Willelmi Walville ea que subsequuntur singulis, et precepit ut, si que elemosine circa et prope hanc ecclesiam deliberarentur que non adjacerent alicui ecclesie, non in suo dominio reverterentur sed huic ecclesie converterentur, et quando canonicus moriretur, prebenda in communi omnium haberetur donec alius canonicus restitueretur. Restituto vero canonico Unfrido filio Ricardi Ansgerville loco Willelmi de Buisson, pater ejus, concessu Henrici Regis, dedit ei ad augmentum prebende has centum solidatas, de sex acris. Cesarisburgi duodecim quarteria frumenti que appreciata sunt triginta sex solidos, et de Heldeardivilla quinque quarteria frumenti, et de molendino Engleville tria quarteria frumenti, et hec octo quarteria appreciantur viginti et quatuor solidos, et iterum de Heldeardivilla sexdecim quarteria avene pro totidem solidis, et de eadem villa tria quarteria ordei pro quatuor solidis et dimidio, et de servicio quatuor hominum ejusdem ville pro regardo et operibus et costumis decem solidos, et in molendino Vadi tria quarteria frumenti, et pratum Eschedreville quod mercatus est Ricardus de filio Bertranni dedit etiam ei ; et hec omnia appreciata sunt centum solidos. Primo scilicet de quinque canonicis Judicaello dedit quatuordecim denarios per unamquemque diem, pro quibus postea dedit ei in Graneroio insula centum acras terre in parrochia Sancti Martini de Berlosa de suo dominio, et ecclesiam totam, preter duas garbas quas habebant monachi Sancti Martini Majoris Monasterii, et in Cesarisburgo unam domum, et unam acram terre, et triginta solidos in teloneo tam in porcis quam denariis, et suam costumam sicut aliis supradictis in feria et foro et foresta, et suam molturam quietam donec faceret suum molendinum in Graneroio. Secundo vero cuidam suo capellano Odoni Saillultra concessit juxta Carentonium terciam partem ecclesie Sancti Petri de Sanctineio, et quartam partam terre filiorum Constantini scilicet sex vavassores, quod Nigellus filius Constantini dimisit consuli, quando ivit in Apuliam, ut faceret inde prebendam Cesarisburgi, cum alio augmento quam mox habuit Odo, et, consensu comitis, concessit in augmento quod habebat de capella comitis in Constantino, scilicet quadraginta solidatas redditionis in Valoniis, et decimam molendini Cesarisburgi quem consul dederat duobus primis canonicis, et dimidiam decimam molendinorum Garneroii contra tercium canonicum. Tercio vero scilicet Bonifacio dedit tam in segete quam carne et caseo et denariis unoquoque anno quod fuit computatum octo libras et quatuordecim denarios, et in Noenvilla unum hominem cum terra sibi adjacente, et in Valoniis viginti solidatas terre. Quarto autem Osberno sacerdoti dedit tam in segete quam carne et caseo et denariis quod fuit computatum quatuor libras, minus duobus denariis, et in Escheldrevilla unam domum cum terra sibi adjacente, et in Cesarisburgo o aliam, et hec ita dedit illi donec perspiceret unde adaugeret ei. Quinto vero Ansgoto sacerdoti Willelmus de Walvilla pro amore comitis et anima sua dedit unam quadrugatam terre in Noenvilla, quam emerat costumariam, consul vero concessit canonico quietam. Dedit etiam aliam quadrugatam in Aurenoio, quam Willelmus emerat de elemosina Turgoti Turlacville ad opus canonici concessu consulis, et concessit Willelmus de Walvilla ut consul esset inde protector et dator hoc pacto ut consul daret ei quietanciam et costumas sicut aliis. His vero quinque sicut supradictis tribus consul concessit suas costumas tam in feria quam foro et foresta, et insuper dedit eis omnibus in commune dextram alam crassi piscis, de werec a Tharello usque ad Tharam fluvium, et quando veniret Cesarisburgum suam liberationem sicut suis capellanis. Posuit autem consul custodem ecclesie Anschitillum cui dedit tantum quod fuit computatum quinquaginta et duos solidos, et unum burgensem posuit ad inveniendum sepilumen. Comitissa vero que sparsis capillis super altare posuit comitis vagium, ut Deus et Sancta Maria redderent sibi suum carissimum maritum, comite sanato, exhilarata ex sua parte juvit consulem in ecclesie restaurationem. Posuit autem clericos canonicis et adjutores, unum scilicet diaconum nomine Willelmum, cui dedit tantum quod fuit computatum sexaginta et duodecim solidos, et cuidam Anschitillo cognomine Regnie clerico tantumdem. Jussit etiam consul ut quidam clericus cognomine Pape les ames cum tortis pedibus de elemosina sua de Gersoio que valebat quadraginta quarteria frumenti, ecclesie esset serviens et obnoxius et Ranulfus sacerdos, de quadam quadrugata terre que est in parrochia Sancti Salvatoris in Gersoio. Postquam vero consul, Deo adjuvante, de consule Rex Anglie est factus, de adquisitione sua dedit canonicis unum manerium omnibus in commune, in marchia Doresete et Devenesire situm, Harpeffort vocatum. Henricus vero Rex filius ejus pro anima uxoris sue Mathilde dedit de Escheldrevilla et Turlavilla canonicis lanam et linum.

Pour citer l'acte :

« Acte 1666 », dans SCRIPTA. Base des actes normands médiévaux, dir. Pierre Bauduin, Caen, CRAHAM-MRSH, 2010-2024. En ligne : https://mrsh.unicaen.fr/scripta/doc/sc_1666.html [consulté le 09/05/2024].

Création de la fiche

2006-05-22

Dernière mise à jour

2023-12, EMancel