Scripta n° 284

Numéro Scripta284
Auteur(s)Onfroi de Vieilles [particulier]
Bénéficiaire(s)Les Préaux, Saint-Pierre de Préaux (abbaye)
Genre d'actepancarte
Authenticiténon suspect
Datation[1078-1079]
Action juridiquefondation
Langue du texte latin

Analyse

Pancarte de l’abbaye Saint-Pierre de Préaux récapitulant une partie des donations faites au monastère depuis sa fondation :

[1] Onfroi [de Vieilles] restaure, avec l’accord de son épouse et de ses enfants et la permission du duc Robert et de son fils Guillaume, l’abbaye Saint-Pierre de Préaux et lui donne tout ce qu’il possède à Préaux, à Tourville avec une charruée de terre, sauf le marché appelé Pont-Audemer. Il ajoute son domaine de Merlimont avec ses dépendances, celui de Selles et tout ce qu’il possède à Campigny ; la dîme du Bosc-Aubert et, à sa mort, tout le domaine. [2] Le duc Robert donne son domaine de Toutainville. En échange il reçoit d’Onfroi douze livres d’or, deux manteaux, et deux chevaux d’un grand prix amenés à Fécamp. Il a chargé son jeune fils Guillaume de poser cette donation sur l’autel de saint Pierre. [3] Onfroi donne aussi la terre de Radepont qu’il avait reçue en [mort]-gage pour douze ans contre cent livres. [4] Il ajoute celui de Renneville, contre trente livres ; ces terres devant retourner à leur propriétaire une fois le délai échu et l’argent rendu. [5] Saffroi donne six acres de terre et reçoit la société du lieu. [6] Gilbert et Turstin, deux frères de ce dernier, donnent quatorze acres de terre. [7] L’évêque de Bayeux Hugues renonce à ses prétentions concernant les terres du Bosc-Aubert, de Merlimont, de Selles, et d’Incourt (« Novus Boscus ») qu’Onfroi [de Vieilles] lui avaient achetées. [8] Roger et Robert fils d’Onfroi donnent la dîme des tonlieux, des cens, des moulins, et des églises de Pont-Audemer. [9] Robert y ajoute l’église d’Épaignes et la terre en dépendant, la dîme, celle du moulin, un hôte nommé Osberne, ainsi que la terre du Mont-Les-Mares. [10] Roger son frère donne une partie de l’héritage de son oncle Turquetil près de Pont-Audemer ; il reçoit en échange cinq vases d’argent niellé et d’or que son frère avait donnés à l’abbaye. [11] Le duc Guillaume donne les églises de Boulleville et de Vienne[-en-Bessin], à la demande de l’archidiacre Guy qui les tenait du duc. Les moines accordent à Guy la société du lieu de sorte qu’il pourra devenir moine, s’il le désire ; ce qu’il a fait. [12] Richard de Creully renonce à ses prétentions sur Toutainville, sur l’église de Vienne[en-Bessin] et reçoit la société des moines, une mule, deux candélabres d’argent et deux besants d’or. [13] Gilbert, en l’absence d’héritier, donne avec l’accord du duc Guillaume tout son patrimoine à Condé-sur-Risle : champs, bois, eaux et une partie de l’église. Il ajoute des possessions dans d’autres lieux et reçoit la possibilité de devenir moine. [14] L’évêque de Bayeux Hugues confirme à l’abbaye la possession des terres qu’il revendiquait et qu’il venait d’envahir, malgré la donation qu’il en avait déjà faite. L’abbé de Fontenelle, Gradulphe, qui avait pris part à la restauration de l’abbaye, et celui de Préaux, Anfroi, lui donnent en échange cent livres, trois candélabres, deux en argent et l’autre en or et argent niellé ainsi qu’un calice doré. [15] Jean de Saint-Philibert, fils du comte Raoul, donne une terre appelée Saint-Benoît sise dans la forêt du Vièvre : il se réserve cependant sangliers et éperviers, s’ils s’en trouvent. Il reçoit alors quinze sous de l’abbé Anfroi et la société des moines. [16] Roger de Beaumont donne tout ce qu’il possédait à Manneville : champs et eaux. Le duc Guillaume a donné son accord et a souscrit l’acte. [17] Roger de Beaumont confirme à l’abbaye la possession éminente des églises de Pont-Audemer, mais son cousin Hugues, fils de Turulfe, les tiendra, sa vie durant, contre dix livres et, à sa mort, elles retourneront au domaine des moines. Venu à l’abbaye au moment de l’installation du nouvel abbé Guillaume, Roger avait écouté les plaintes des moines : beaucoup de biens recensés dans la pancarte manquaient, en particulier les églises de Pont-Audemer. L’abbé Anfroi les avait concédées, sans le consentement des moines, à Hugues qui prétendait même les avoir reçues d’Onfroi. Roger avait décidé que tous les biens dispersés devaient revenir aux moines et, devant l’opposition d’Hugues, avait ordonné un duel judiciaire au terme duquel le représentant des moines, Goscelin, était sorti vainqueur après forfait de celui d’Hugues, nommé Geoffroy. Convoqués à Beaumont pour régler cette affaire, l’abbé, quelques moines et Hugues avaient convenu de cet accord.

Tableau de la tradition

Éditions principales

a. Mabillon Jean, Annales ordinis S. Benedicti occidentalium monachorum patriarchae in quibus non modo res monasticae, sed etiam ecclesiasticae historiae non minima pars continetur, Paris, C. Robustel, 1703-1739, 6 vol., t. 4, p. 444 (limité au passage « Notum sit [...] Gaufridus clericus  »)..

b. Delisle Léopold, Passy Louis, Mémoires et notes de M. Auguste Le Prévost pour servir à l’histoire du département de l’Eure, Évreux, Hérissey, 1862-1869, 3 vol., t. 3, p. 301 (extrait)..

c. Delisle Léopold, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, Valognes, Martin, 1867, pièces justificatives, p. 12-13, n° 12 (extrait)..

d. Piolin Paul, Sainte-marthe Denis de, Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa, t. XI, Paris, Palmé, 1874, Instr. Eccl. Lex., n° I, col. 199-203..

e. Fauroux Marie, Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, Caen, Caron (MSAN ; 36), 1961, n° 89, p. 230-231 ; n° 97, p. 249 ; n° 174, p. 361-362 (extraits)..

f. Rouet Dominique, Le cartulaire de l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre-de-Préaux (1034-1227), Paris, Éditions du CTHS (Collection de documents inédits sur l’Histoire de France, section d’Histoire et de Philologie des civilisations médiévales  ; série in-8°, 34), 2005, n° A1, p. 3-9..

Indications

Mabillon Jean, Annales ordinis S. Benedicti occidentalium monachorum patriarchae in quibus non modo res monasticae, sed etiam ecclesiasticae historiae non minima pars continetur, Paris, C. Robustel, 1703-1739, 6 vol., t. 4, p. 361.

Canel Alfred, Essai historique, archéologique et statistique sur l’arrondissement de Pont-Audemer, Paris-Brionne, Vimont, 1833-1834, 2 vol., t. 2, p. 314.

Delisle Léopold, Des revenus publics en Normandie au XIIe siècle, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1848-1852, 1re part, p. 207, n. 9.

Canel Alfred, Le combat judiciaire en Normandie, Caen, A. Hardel (extrait de MSAN ; 23, p. 575-655), 1858, p. 74-75.

Caresme Anatole (Abbé), Charpillon, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, Les Andelys, Delcroix, 1868-1879, 2 vol., passim.

Béziers Michel, Mémoires pour servir à l’état historique et géographique du diocèse de Bayeux, Rouen/Paris, Lestringant/A. Picard, 1896, 3 vol., t. 3, p. 535.

Haskins Charles Homer, Norman Institutions, Cambridge, Harvard University Press, 1918, Appendix C, p. 273, n° 18.

Prentout Henri, Études sur quelques points de l’histoire de Normandie, I. La trêve de Dieu en Normandie. Date du concile de Caen ; Hamfara, II. Le mariage de Guillaume, Mémoires de l’Académie nationale des sciences, arts et belles lettres de Caen n°6, 1931, p. 8.

Adigard des Gautries Jean, Les noms de lieux de l’Eure attestés entre 911 et 1066, Annales de Normandie n°4, 1954, p. 49 ; p. 52 ; p. 352.

Boüard Michel de, Sur les origines de la Trêve de Dieu en Normandie, Annales de Normandie, 1959, p. 171.

Hoffmann Hartmut, Gottesfriede und Treuga Dei, Stuttgart, A. Hiersemann, 1964, p. 167, 169.

Gazeau Véronique, Monachisme et aristocratie au XIe siècle, l’exemple de la famille de Beaumont, Thèse de doctorat d’Histoire (dactyl.), Caen, 1986-1987, 0 p. (dactyl.), p. 41-43 et passim.

Tabuteau Emily Zack, Transfers of Property in Eleventh-Century Norman Law, Chapell Hill-Londres, The University of North Carolina Press, 1988, p. 123, n. 61, doc. 170 ; p. 214, n. 22 ; p. 148-149, n. 45, doc. 285.

Baylé Maylis, Les origines et les premiers développements de la sculpture romane en Normandie, Caen, Art de Basse-Normandie (Art de Basse-Normandie ; 100 bis), 1992, p. 21, 126.

Dissertation critique

Datation

La première partie de cette pancarte relate les donations faites à l’abbaye Saint-Pierre de Préaux en 1034 par Onfroi de Vieilles ; elle est suivie par le don de Toutainville fait par le duc Robert le Magnifique avant son départ pour la Terre-Sainte en janvier 1035. Les autres donations s’échelonnent entre 1040 et 1054 au plus tard, date de la mort de Robert de Beaumont qui, avec son frère Guillaume, est le protagoniste du dernier acte de la pancarte (voir ROUET, Cartulaire de Saint-Pierre de Préaux, n° A2 ; SCRIPTA 5929) avant qu’en 1078, après le 16 mars, sur l’ordre de Roger de Beaumont, cette version de la pancarte de fondation fût remaniée et qu’on lui eût ajouté sa dernière partie.

Texte établi d’après f

Si mortalium vitam consideremus, pro utilitate omnes pene videbimus insudare atque honestatem prorsus repudiare, nec solum repudiare, sed quod sancti patres nimio labore edificavere dissipare ac funditus dirimere. Isti etenim tales non solum talentum sibi creditum reponunt, verum, quod pejus est, alienum lucrum pro posse surripiunt. Sed, si predicti patres pro talibus factis in obtandi amoenitate gloriabuntur nectaris, isti, ut certum est, punientur in execrandi voragine herebi. Quod ego Hunfridus expavescens ac ne in malum, quod mihi creditum est, obnixe metuens, annuente piissimo Rodberto, Normannie marcione, et filio ejus Willelmo, consentientibus etiam filiis meis et conjuge, apud quandam mansionem meam nomine Pratellum abbatiam antique destructam in honore sancti Petri apostolorum principis restruo servitorumque in usum secundum posse de meis possessionibus concedo. Do itaque sancti Petri abbatie predicte et in usum servitorum ejus quicquid in predicta mansione habeo. Do iterum quicquid mihi est in Torivilla, videlicet in campis et in aquis, excepto mercato nomine Audimeri Pontis, cum terra unius aratri que in eodem loco habetur. Do iterum villam Merlini Montis nomine cum omnibus suis contiguis. Do iterum villam que vulgo Sellas vocatur, cum omnibus appenditiis suis. Do iterum quicquid habeo in villa que Campaniacus vocatur. Do iterum ad presens investitura decimam ville que vulgo Boscus Osberni vocatur ; post meum vero discessum totam villam ex integro.
Illo anno quo perrexit Robertus comes in Jerusalem, dedit sancto Petro ad Pratellum ex suo dominio unam villam que vulgo Turstinivilla vocatur. Pro qua structor ejusdem ecclesie Hunfridus XIIcim libras auri et duo pallia et duos maximi precii caballos dedit. Hec Fiscanni delata sunt et inibi recepta, sed quia Willelmus adhuc puerulus ejusdem Roberti comitis filius post illum erat regnaturus, eum pater Pratellum misit ut suo jussu etiam puer propria manu donationem Turstiniville super altare poneret. Huic rei interfuerunt vetulus Nigellus ; Turaldus qui unum de suprascriptis caballis a comite Roberto dono suscepit ; Radulfus camberarius, filius Geraldi ; Gotscelinus Rufus de Formovilla ; Hunfridus, constructor ejusdem loci, cum filiis suis, Rogerio, Roberto, Willelmo qui etiam a patre ob causam memorie colaphum suscepit. Suscepit etiam aliud colaphum Ricardus de Lillabona qui ocream, id est hosam, comitis Roberti ferebat. Qui cum requireret cur sibi Hunfridus permaximum colaphum dedisset, respondit : « Quia tu junior me es et forte multo vives tempore erisque testis hujus rationis cum res poposcerit ». Suscepit etiam tercium colaphum Hugo, filius Waleranni comitis.
Preter hec, concedo vadimonium terre Radipontis quod pro centum libris usque ad duodecim annos suscepi, ea ratione ut, finito constituto termino redditoque eodem precio, redeat vadimonium ad domum suam.
Huic addo aliud vadimonium pro triginta libris susceptum, nomine Ranuvillam, ea ratione qua et supradictum.
Quidam miles Saffridus nomine dedit sancto Petro in Pratellum sex agros terre. Pro quibus dederunt ei fratres ejusdem loci societatem.
Eodem tempore, duo fratres predicti viri consanguinei, scilicet Gislebertus et Turstinus, dederunt Sancto Petro Pratellensi pro salute animarum suarum XIIIIcim agros terre.
Regnante Willelmo, Roberti marcionis filio, venit Bajocensis episcopus nomine Hugo ad Pratellum et fecit ibi donationem de terra quam calumniabatur, videlicet de Osberni Bosco, de Merlini Monte, de Sellis, et insuper de quadam terra, Novus Boscus nomine, quam structor loci domnus Hunfridus ab illo emerat.
Eodem Willelmo regnante, dederunt Rogerius et Robertus, predicti Hunfridi filii, Sancto Petro Pratellensi decimam Aldimeri Pontis, videlicet de teloneo, de censu, de molendinis, et ecclesias ad eundem locum pertinentes.
Huic dono addidit Robertus predictus post totam decimam Hispanie et decimam molendini ejusdem ville et ecclesiam cum terra ad illam pertinente, et unum hospitem in eadem villa, nomine Osbernum, et terram Magne Maris.
Eodem anno, dedit Rogerius, frater ejus, eidem loco partem honoris cujusdam avunculi sui, nomine Turchitilli, que sibi hereditario jure provenerat, sitam circa predictum pontem, pro qua retinuit quinque argentea vascula ex nigello et auro mire composita que eidem loco jamdictus Robertus contulerat.
Illo anno quo mortuus fuit Brittannus comes, Alainius nomine, apud Fiscannum, dedit Willelmus comes sancto Petro de dominio suo duas ecclesias et terram ad eas pertinentem, scilicet de Bollivilla et de Viana. Hoc autem factum est suggestione et intercessione cujusdam archidiaconi, nomine Widonis, qui eas in beneficio tenebat. Idcirco dedit ei abbas ejusdem loci, Anffridus nomine, societatem tali tenore ut, si monachus fieri vellet, non ei denegaretur ; quod et factum est.
Eodem Willelmo regnante, guirpivit Richardus de Chroliei calumniam quam habebat in Turstinivilla et in ecclesia illius ville que vocatur Viana Sancto Petro Pratellensi. Quapropter dedit ei abbas illius loci societatem et unum mulum et duo candelabra argentea et duo bizantia auri.
Regnante Willelmo eodem et concedente Roberto Hunfridi filio, quidam miles, Gislebertus nomine, carens herede, dedit sancto Petro donationem tocius sue hereditatis, videlicet quicquid habebat in villa que vulgo Condedus dicitur, in agris, silvis, aquis, et partem etiam ecclesie ejusdem ville, quatinus apud Pratellum fieret monachus. Contulit etiam quicquid possidebat hereditatis aliis in locis.
Hoc notum sit omnibus tam presentibus quam futuris quod illo anno quo prius inceptum est concilium de pace apud Cadimum com corporibus sanctorum, invasit Bajocensis episcopus nomine Hugo terras Sancti Petri Pratelli pro quadam conventione quam structor loci Hunfridus nomine com eo habuerat. Unde valde commoti domnus abbas Gradulfus Fontinelle monasterii, qui partim fundator illius loci extiterat, et abbas ejusdem monasterii, Anffridus nomine, cum nimio labore impetraverunt ut predictam conventionem perdonaret et terras redderet, nec hoc sine magno precio potuit fieri. Dederunt enim illi jamdicti abbates centum libras denariorum et tria argentea candelabra, videlicet duo ex puro argento et tercium ex auro et argento vel nigello pulchre compositum et unum calicem deauratum. Qua pecunia recepta, sicut presens subscriptio demonstrat, cartam episcopali auctoritate firmavit. (Crux) Ego Hugo Bajocensis episcopus hanc donationem terrarum scilicet quas dedi Sancto Petro Pratellensi precatu Hunfridi nunc manu et ore confirmo, et episcopali auctoritate earum invasores anathematizo, amen. Huic conventioni interfuerunt testes videlicet : Rainaldus Drudus ; Hugo cognomento Compositus ; Rodulfus Suhardus ; Radulfus Afatiatus ; Ricardus Scoria vetulam ; Turstinus, filius Rannulfi. Ex parte vero abbatum interfuerunt : Gauzfridus, clericus ; Christianus, clericus ; Alboldus, clericus ; Hunfridus, laicus ; Willelmus, laicus ; Guarnerius, laicus ; Rogerus cognomento Perarius.
Jam sepedicto principe regnante atque consentiente, Johannes de Sancto Philiberto, Radulfi comitis filius, dedit Sancto Petro Pratellensi quamdam terram que Sanctus Benedictus vocatur, in foreste que Guevra dicitur, nichil consuetudinis sibi reservans preter aprum et accipitrem, si adessent. Pro qua re abbas ejusdem loci, Anfridus nomine, dignam sibi rependit pecuniam, scilicet XVcim libras denariorum et maxime societatem loci.
Regnante Willelmo Roberti marcionis filio, Rogerius de Bello Monte, filius Hunfridi, dedit Sancto Petro Pratellensi quicquid habebat in Manichivilla, videlicet in campis et in aquis, eodem principe annuente et signo suo confirmante (crux).
Defuncto abbate Anffrido et loco ipsius Willelmo abbate locato, advenit Rogerus Bellemontis precatu monachorum in capitulo eorum, volens scire quomodo se res monasterii haberent. Tunc, presente eo, lecta est carta quam firmaverat pater suus et ipse de constructione loci et ejus jussu exposita. Monachi vero conquesti sunt ex his que in carta scripta erant multa se amisisse et maxime ecclesias Audimeri Pontis quas abbas Anffridus dederat Hugoni clerico, Turulfi filio, sine eorum concessu vel licentia ; Rogerus vero, ut eorum clamores audivit, jussit ut omnia, sicut in carta erant scripta, ita redirent ad dominium monachorum, que sine licentia vel consilio conventus eorum fuerant dispersa. Hugo vero clericus, ut hec audivit, erexit se adversus monachos, dicens ex integro supradictas ecclesias a domno Hunfrido, cenobii constructore, ejusdem Rogerii patre, antequam ab abbate Anffrido se habuisse. Monachis vero contradicentibus, denominatum est placitum ut ex utraque parte convenirent homines qui hujus rei essent testes ; quod et factus est. Ex parte igitur monachorum affuit testis Goncelinus et ex parte Hugonis, ejus frater Gauzfridus. Quid plura ? Assignatis testibus et datis vadimoniis, denominatus est dies ut a supra nominatis testibus bellum fieret. Sed ut ventum est ad prelium, gratia Dei Gauzfridus testis et frater Hugonis qui adversum Gonselinum pro hac re debebat dimicare, invalidum mendris et maxime brachiis se esse confessus est, nec ad hoc opus se valere. Quod ut audivit Rogerus, nolens ut ex toto amitteret Hugo (erat enim suus consanguineus), precatus est abbatem Willelmum, quem ad Bellum Montem com quibusdam monachis causa hujus negotii transmiserant fratres loci, ut decem libras denariorum ex Hugone susciperet, ea tamen conventione ut, quoad viveret Hugo, ab abbate Willelmo ecclesias suprascriptas teneret et, moriens, non ejus filius vel aliquis suus cognatus seu sibi proximus heres ultra esset, nec partem in ipsis ecclesiis haberet, sed in monachorum dominio redirent quod vix impetrare potuit ; sed tamen factum est ut petiit. Hujus rei testis est ipse Rogerus et Robertus, ejus filius ; et Herluinus ; et Radulfus Otonis filius ; et Turstinus Efflancus ; et Gulbertus ; et Ricardus ; et Goncelinus ; et Hunfridus, presbiter. Hec vero ratio hic inscripta est jussu ejusdem Rogerii qui ecclesias unde sermo agitur nobis dedit.

Pour citer l'acte :

« Acte 284 », dans SCRIPTA. Base des actes normands médiévaux, dir. Pierre Bauduin, Caen, CRAHAM-MRSH, 2010-2024. En ligne : https://mrsh.unicaen.fr/scripta/doc/sc_284.html [consulté le 09/05/2024].

Création de la fiche

2005-02-10

Dernière mise à jour

2023-12, EMancel